News from03july headquarters

Jour 6. Rapide bilan

Imaginez un réseau social où 90 % des informations seraient sans intérêt, aussitôt lues, aussitôt oubliées. Pourriez-vous y passer plusieurs heures par jour ? La réponse est : pas même quelques minutes. Et pourtant, c’est bien ce qu’on fait tous avec Facebook, non ? Faisons le point.

L’idée,  c’est que Facebook a pris dix ans, et nous aussi. Nos centres d’intérêts ont évolué, nos amis ont changé, (ou on a changé d’amis) et on ne voit plus tout à fait les choses de la même façon.

Prenons Jonathan, 30 ans, qui aurait ouvert son compte Facebook parmi les premiers, en 2004. Tout foufou, il a ajouté ses amis, liké les pages de R-Kelly et Adidas et accepté toutes les invitations aux applis les plus improbables qui lui ont été proposées.

2006, premier clash avec le réseau, il ferme son compte deux semaines, en mode « mes vrais amis sauront où me trouver ». Finalement il le réouvrira discrètement, faisant tout de même preuve d’une certaine lassitude. Il nettoie ainsi son compte, passe de 850 à 300 amis, tout en enviant ceux de ses proches, un peu à l’ouest, qui ne se connectent qu’une fois par mois et sont restés à 30 friends.

2007, en bon early-adopter, Jonathan achète son premier iPhone, et dispose rapidement de l’appli Facebook. Son taux d’utilisation explose, plus de deux heures de connexion par jour. C’est l’année où il part en échange universitaire à Mexico, Facebook lui permet de faire rager son réseau avec des photos de plage et de mojitos, pendant que ses copains sont à l’université à Dublin. S’il avait à l’admettre, Jonathan reconnaitrait une légère sensation d’écœurement à stalker comme ça la vie de ses amis ou de perte de temps à subir les statuts sans intérêt des moins finauds de ses proches (« J’en ai marre les gens ! Ok il neige, et alors ? » ou bien, version philo « La vie c’est d’aimer même si on ne t’aime pas en retour» ) ou pire, de gens qu’il n’a rencontré qu’une fois et dont il aurait oublié la tête si ce n’était leur profile pic pour la lui rappeler.

Mélanie, de son côté, a détesté devoir annoncer à la planète entière qu’elle était de nouveau single et se promet de ne plus jamais afficher son statut sentimental. Elle en aussi profité pour aller régler les paramètres de confidentialité, auxquels elle n’a rien compris, mais c’est fait exprès, ils changent tous les six mois pour ne surtout pas pouvoir être maitrisés par les utilisateurs.

Aujourd’hui, Facebook fait donc partie de la vie de Jonathan et Mélanie, au même titre que leur frigo ou canapé. Ils ont bien songé parfois à clore leurs comptes, mais sont captifs du réseau, par une peur étrange de manquer « quelque chose », alors que rien n’est arrivé depuis longtemps (et ils attendent quoi ? Une rupture ? Un décès ? ). Certes, Facebook leur a facilité la vie pour organiser leur pendaison de crémaillère, mais à part ça, notre intérêt pour Facebook décroit, et peut-être est-ce mieux ainsi…

(On me glisse dans l’oreillette que Facebook n’aurait que deux intérêts : organiser des soirées et pouvoir espionner ses ex. Un peu maigre non, en contrepartie d’une montagne d’informations inutiles ? )